ITW : Guillaume Alexandre, sourceur star !

Guillaume Alexandre est le sourceur star ! Arrivé deux fois ('17-'19) à la 2ème place du 𝙎𝙤𝙪𝙧𝙘𝙚𝙘𝙤𝙣 𝙂𝙧𝙖𝙣𝙙𝙢𝙖𝙨𝙩𝙚𝙧 Challenge, il donne des conférences ...

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Il y a quelques mois, notre co-dirigeant et associé du cabinet Solantis, Laurent Garnier, s’est demandé quel était le futur pour le recrutement. La technologie fait partie intégrante de nos vies, mais finalement, est-ce que le recrutement a-t-il réussi à suivre ce mouvement ? C’est de là qu’est parti le projet RecruitNow : repenser le recrutement de demain. 

Et qui de mieux placé pour nous aider à promouvoir ce projet que LE sourceur senior et Expert Talent sourcing reconnu de tous dans la profession, j’ai nommé Guillaume Alexandre évidement. Suite à son soutien dans notre projet, nous avions envie de faire plus ample connaissance avec lui. Arrivé deux fois (’17-’19) à la 2ème place du 𝙎𝙤𝙪𝙧𝙘𝙚𝙘𝙤𝙣 𝙂𝙧𝙖𝙣𝙙𝙢𝙖𝙨𝙩𝙚𝙧 Challenge (sorte de Championnat du Monde de Sourcing), il donne des conférences un peu partout en Europe et ailleurs (France, UK, Allemagne, USA, Ukraine etc). Son créneau :  entrer en contact avec des gens qui ne savent pas qu’il existe pour leur parler d’opportunités dont ils ne connaissaient pas l’existence. Dans son emploi du temps un peu fou, nous avons réussi à nous entretenir avec lui pour en savoir un peu plus, c’est parti !

1. Bonjour Guillaume, merci de nous accorder cette interview ! Est-ce-que tu peux nous parler un peu de toi et de ton parcours ?

Je suis Français, je viens tout juste de passer la barre symbolique des 40 ans, je travaille à Genève et je suis sourceur. J’ai commencé le recrutement en 2004, à la fin de mes études, directement comme chargé de recherche dans un cabinet d’executive search puis j’ai rapidement migré à Londres pour travailler sur des recrutements permanents sur SAP. Dès 2006, j’ai débarqué à Genève avec un problème simple, j’avais comme client les plus gros centres de compétences SAP en train de se monter, zéro population locale, zéro base de données, personne qui ne répond aux annonces et des clients très exigeants… donc il a fallu sortir les rames et être inventif.

En 2011, j’ai créé ma propre société, Gates Solutions (Guillaume Alexandre Talent and Executive Search) d’abord comme une agence de placement spécialisée sur les profils complexes et en 2013, j’ai rencontré la communauté sourcing au premier Sourcing Summit Europe à Amsterdam et ce fut la révélation. Ce que je faisais avait un nom, il y avait peu de monde qui le faisait mais on pouvait déjà faire des choses incroyables.

En 2015, j’ai décidé de changer mon business model, sortir du monde des agences et devenir un pur sourceur, être le bras armé sourcing de recruteurs internes et des hiring managers sur des postes complexes. J’ai la chance de faire pas mal de conférences, développer de nouvelles techniques de sourcing, et depuis 2020 j’ai même monté un programme de formation, The People Attraction Theory, pour former les recruteurs et les sourceurs non seulement à la technique, mais aussi à la philosophie du sourcing, à aimer autant la data que la science de l’engagement.

2. Et comment t’es venue ton intérêt ou ta passion pour le sourcing ?

Je faisais du sourcing sans y mettre le nom mais si l’on peut parler de passion, c’est devenu une évidence quand j’ai rencontré la communauté : Glenn Cathey, Irina Shamaeva, Balasz Paroczay, Aaron Lintz et bien d’autres. Des gens simples qui résolvent des problèmes avec des techniques ingénieuses.

J’ai toujours aimé résoudre des problèmes et penser différemment, c’est dans ma nature et la façon dont les choses fonctionnaient (pour faire simple, tu es une agence, tu fais du commercial, tu postes des annonces, tu envoies des candidats et tu espères qu’ils aient le job) ne m’a jamais convenu.

En plus, le côté entretien, évaluer les gens sur leur capacité à s’intégrer dans un environnement que je ne maitrise pas car pour moi il y a autant de cultures d’entreprises qu’il y a d’équipes, ne me convenait pas. Je sais que j’arrive dans la vie des gens sans qu’ils ne m’attendent, pour leur parler d’une opportunité qu’ils ne cherchaient pas (sinon ils auraient postulé) et j’impacte un peu, le plus positivement possible le cours de leurs vie professionnelle, et donc forcément personnelle. Je garde encore contact avec pas mal de gens que j’ai sourcé et j’aime cette relation.

3. Quelle est l’axe que tu adoptes dans tes formations et qui font la différence ?

Déjà, je suis un sourceur qui forme et pas un formateur. Tout ce que je montre dans mes formations, c’est du vécu, cela ne sort pas forcément de livres car le temps qu’un livre soit publié, il est obsolète. J’ai eu des milliers de problèmes en sourcing, j’ai cherché et trouvé des solutions, j’ai créé des outils, j’ai la chance de connaitre plein de supers sourceurs qui ont partagé plein de choses aussi, j’essaye, à mon petit niveau, d’inspirer la prochaine génération de sourceurs qui sauront avoir un vrai impact.

Ensuite, j’ai surtout créé cette formation car c’est super de trouver quelqu’un en 5 heures sur instagram, c’est joli, ça fait briller les yeux en conférences mais si la personne était dans ton ATS, tu as perdu ton temps. Les sourceurs sont là pour aider à remplir des postes, donc l’axe efficacité est primordial. Les outils ne sont que des outils, la logique de sourcing est tout et tellement de choses évoluent, les algorithmes sont partout, en prendre conscience rend plus impactant.

De plus, la réussite du sourceur passe par la vision globale de l’attraction, l’interaction avec les recruteurs, hiring managers et dans trop d’endroits, le sourceur est encore vu comme un recruteur junior ou pire, un pousseur de CV vers le recruteur, sans valeur.

Enfin, pour être efficace en sourcing il faut bien sûr le côté « data », savoir trouver des profils mais aussi le côté « engagement » pour offrir une expérience différenciante, augmenter ses taux de retour et faire qu’on ne va jamais spammer le marché, on trouve les gens qui correspondent, on les approche de la meilleure manière, ils sont convertis en candidats, avancent dans le process de recrutement et..voilà !

4. Tu es un expert du sourcing, pourquoi avoir centré ton expertise dans ce domaine ?

Vaste sujet ! Déjà, le côté « évaluation » d’un autre être humain et devoir choisir entre deux finalistes qui aura le job ne me plait pas, je doute trop d’avoir pris la mauvaise décision, je vois du potentiel dans tous les gens. J’aime trouver les ingrédients qui feront que ceux qui cuisinent pourront faire le meilleur plat possible.

J’ai l’impression, en faisant du sourcing, d’impacter vraiment la vie des gens, de faire constamment des rencontres et surtout, je source toujours sur des postes différents. Je découvre constamment de nouveaux secteurs, nous veaux métiers, je suis un curieux de nature et apprendre comment fonctionne la chimie des polymères, qu’est ce que la biostatistique, comment on design un aéroport, un métro. J’ai la chance parfois de travailler sur des projets incroyables, confidentiels qui impactent un peu le futur, j’adore ça.

5. Question qui va en intéresser plus d’un : comment fais-tu pour évoluer dans ta fonction de sourceur et renforcer ton expertise ?

Déjà, il faut avoir des problèmes 😉 J’adore les dév, je n’ai rien contre aider une boite à trouver un bon dev mais en termes de sourcing, on sait faire (github, stakcoverflow, linkedin etc) tout se jouera sur la proposition de valeur, pas la capacité à les identifier, enfin pour moi. C’est pour cela que j’adore sourcer en R&D, pharma, science et c’est passionnant, cela oblige à aller dans de nouveaux endroits, sourcer différemment.

J’ai eu la chance de devoir sourcer une « behavioural scientist » qui s’intéresse aux mécanismes du cerveau humain pour comprendre quels sont les messages qu’ils faut passer, comment les passer pour influencer positivement le comportement des gens. J’ai sauté à pieds joints dans ce monde pour savoir comment améliorer mes messages d’approche par exemple. Enfin, je m’oblige, dès lors que je fais une conférence de sourcing à explorer quelque chose de nouveau. En 2015, personne ne parlait de growth hacking, j’ai passé 4 mois explorer. Aller voir dans toutes les autres disciplines, du marketing digital à la neuroscience, comment aller toujours plus loin et résoudre des problèmes de sourcing.

6. Quels sont les conseils que tu donnerais aux jeunes qui veulent se tourner dans le recrutement ?

Pour la partie de recrutement, je dirais choisissez bien votre manager, choisissez la personne qui va vous former, prenez quelqu’un dont les valeurs profondes sont proches des vôtres, cette personne va forcément vous impacter énormément. Rejoignez une entreprise avec des valeurs, et pour moi posez une question simple « avez-vous fait une bonne année l’année dernière » si la personne répond un chiffre, fuyez, si la personne vous parle des gens qu’il/elle a placé, continuez. Le recrutement vu simplement comme un business qui fait du cash n’a pour moi pas d’intérêt sur le long terme, c’est un métier humain.

Pour le sourcing, allez sur le site de Jan Tegze sourcing.games et amusez-vous, ce sont des jeux de sourcing, notamment des anciens hackathons de conférences de sourcing(j’ai participé à écrire certains d’ailleurs 😊 ). Si vous en avez marre au bout d’une heure, ne faites pas ce métier, si vous y passez vos soirées et vos weekends, foncez, votre cerveau est fait pour ça.

7. Selon toi, quel est avenir pour le métier du recrutement ? 

Très vaste question ! Cela dépend si on parle interne ou cabinet. Pour moi l’avenir du recrutement en interne sera la capacité à faire ce que l’on appelle du Talent Nurturing, créer, animer une communauté de talents à large échelle, proposer une expérience intéressante, collaborer et développer la marque employeur. Que les candidats soient bien traités et s’éloigner du côté transactionnel pur.

Pour le sourcing, je pense que côté recrutement tech, on sait trouver les gens, c’est bon, tout va se jouer sur la capacité à faire une différence pour attirer les personnes. En dehors de la tech, il y a tellement à faire et inventer.

Le sourcing évolue par nature car le volume de données en ligne explose chaque jour et que l’on doit surtout s’adapter aux changements d’algorithmes, aux nouveaux comportements en ligne, nous sommes loin d’avoir fait le tour encore. L’avenir ne sera pas autour du volume et du spam en masse mais sur la capacité à trouver les bonnes personnes et les contacter de la meilleure manière possible.

Toute l’équipe de Solantis se joint à moi pour remercier Guillaume Alexandre pour sa disponibilité et pour nous avoir accordé cette interview qui, nous en sommes certains, vous intéressera autant que nous ! 

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